La Suisse devient, lors de son lancement le 30 mai 1910, le « bateau amiral » de la flotte CGN.
Il devait être le plus grand et le plus beau de tous les vapeurs en Suisse et en Europe. Il coûte 586 000 francs de l’époque et est destiné à assurer, depuis son port d’attache à Genève, les courses express translémaniques. La Suisse est désarmé trente ans plus tard, en 1940, à cause de la guerre. Il reprend son service en 1948 après avoir bénéficié d’une importante révision. Durant l’hiver 1959-1960, la chauffe au charbon est remplacée par celle à l’huile lourde. En 1999, on passe à la chauffe au mazout léger. De 1975 et jusqu’en 1999, le bateau quitte son port d’attache genevois pour assurer, au départ de Lausanne, le « Tour du Haut-Lac » par Evian, Saint-Gingolph et Le Bouveret, avec retour par la côte suisse. La Suisse retrouvera sa course translémanique au départ de Genève en 2000 et l’assurera jusqu’en 2006.
Entre 2007 et 2009, La Suisse bénéficie d’une rénovation générale grâce à la mise à disposition, par l’ABVL, de CHF 12 millions et de CHF 3 millions souscrits par les actionnaires de la CGN.
Depuis sa rénovation, le bateau amiral navigue en printemps et en automne sur la course Lausanne-Chillon et retour et en été il effectue trois fois par jour le « Haut Lac -Express » Lausanne-St-Gingolph-Le Bouveret-Villeneuve-Chillon-Montreux-Vevey-Lausanne.
La Suisse a fait l’objet d’une restauration complète entre novembre 2007 et avril 2009.
Préalablement aux travaux, une campagne de mesures d’épaisseurs a été effectuée sur toute la structure du bateau. Les zones les plus corrodées ont été identifiées et repérées. 15% des tôles d’origine ont été changées, ce qui est peu pour un bateau centenaire.
La cale contient une véritable usine de traitement d’eau. Le bateau est devenu beaucoup plus manoeuvrable grâce à ses propulseurs d’étrave.
La machine à vapeur subit une cure de jouvence, tout comme la chaudière. La cuisine et les locaux destinés aux restaurateurs sont dignes des plus grands restaurants.
Les étapes principales du projet ont été les suivantes : mise en cale sèche, démontage du mobilier intérieur, démontage des ponts, sablage extérieur et intérieur de la coque, retubage de la chaudière, travaux de second œuvre et enfin pose de la tente fixe.
La timonerie, « cerveau » du bateau, centralise tous les instruments. De nombreuses cloisons du bateau sont construites sous forme de nid d’abeille, les planchers et les ponts sont réalisés en contreplaqués et le toit de la tente fixe fait largement appel à la mousse Airex. Un lien solide a été créé à bord entre une époque où l’artisanat constituait la norme et nos technologies modernes.
Les travaux liés à la reconstitution de l’aspect patrimonial du bateau, aussi près que possible de son état d’origine, sont réalisés sous la conduite de l’Association Patrimoine du Léman (APL) et la surveillance du conservateur des monuments et des sites du canton de Vaud.
Ceux-ci ont notamment permis à La Suisse de retrouver ses figures de proue et de poupe, ainsi que son canot d’intervention historique.